Modèle économique

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Cette thématique mérite sans doute d’être creusée si l’association que vous diagnostiquez rencontre des difficultés

  • Pour diversifier ses sources de financement
  • Pour renégocier des partenariats publics
  • Pour financer des projets de développement
  • Pour anticiper ses décalages de trésorerie ou identifier ses activités déficitaires

Quelles particularités pour la culture ?

Les structures culturelles de l’ESS évoluent dans une économie plurielle. Selon  l’approche ( de leur activité culturelle et artistique, certaine iront plutôt vers un modèle mixte, agencé autour de la vente de services et spectacles, mais intégrant aussi des subventions (création, action culturelle, éducation artistique et culturelle, etc.). D’autres, en particulier dans l’ESS et dans les associations accompagnées par le DLA y associeront un troisième mode de fonctionnement : la réciprocité (bénévolat, dons, coopération, coconstruction, troc, échanges informels, etc.). Ils mettront en avant que l’échange culturel et artistique est central et non marchand. Il s’agit d’un modèle hybride, tant du point de vue des règles économiques et financières que de l’approche du projet culturel. Ainsi, proposer l’installation d’un·e artiste dans un lieu comme artiste associé·e, conventionner des résidences longues avec une association ou un territoire, se lancer dans un projet de création collective avec des habitant·e·s d’un quartier populaire ou encore travailler à un projet culturel partagé à la demande d’une association du champ médico-social ou carcéral, sont autant de projets qui relèvent d’une autre logique que celle de marché.

Ici, « la dimension économique insiste d’abord sur la prédominance initiale de la réciprocité et de l’engagement mutuel entre les êtres ; ce lien social constitue l’impulsion réciprocitaire de l’émergence des pratiques économiques. Ainsi, ce n’est pas l’accord contractuel fondé sur l’intérêt qui les anime, mais la visée d’une production et distribution de biens ou services soumis à l’arbitrage démocratique. Ensuite, leur consolidation économique se produit par l’hybridation de trois types de ressources : les ressources réciprocitaires initiales (le lien de réciprocité qui peut s’actualiser en bénévolat, en volontariat ou en des manières d’engagement plus informelles) sont relayées par des ressources publiques qui émanent de l’État social selon le principe économique de la redistribution et des ressources marchandes fondées sur le principe du marché. » B.Eme, Jean-Louis Laville.

Par ailleurs, pour la moitié des structures associatives employeuses de la culture, la filière du spectacle vivant se caractérise aussi par d’autres spécificités et approches que décrit ainsi Philippe Henry: une économie de prototypes; un marché incertain, porteur de déséquilibres et de fortes inégalités; une filière très peu intégrée, avec une forte dispersion des acteurs; une chaîne de valeur où l’économique se fond dans le symbolique (valeur reposant sur des jugements qualitatifs et subjectifs); un espace où la valeur économique globale de la filière est très dépendante de l’enveloppe des fonds publics et privés redistribués qui lui est affectée; des moyens financiers surtout concentrés sur la fonction de diffusion.

Ainsi, le secteur culturel est-il novateur en matière de développement des nouvelles formes d’économie de la coopération, collaborative, de nouveaux modes de travail et d’organisation autour de collectifs solidaires et innovants. Ces modèles innovants produisent de nouveaux rapport à la puissance publique et associent de plus en plus les parties prenantes du projet, en particulier les citoyens.

La loi de Baumol montre que dans le spectacle vivant, les gains de productivité sont quasi-inexistants alors que les coûts, eux, ont tendance à croître. Par exemple, une symphonie d’1h30 nécessitant 30 musiciens en 1800, sera jouée dans les mêmes conditions en 2015. Les économies d’échelle sont difficiles à réaliser, la rentabilité difficile à atteindre, d’où un besoin de financements externes : fonds publics, mécénat…

La vidéo La Parabole des Tuileries s’appuie sur trois principes économiques pour démontrer la nécessité du financement public dans la culture :

  • L’utilité marginale décroissante
  • L’externalité positive
  • L’effet multiplicateur de l’investissement culturel

En 2018, le budget cumulé des associations culturelles employeuses atteint près de 7 milliards d’euros. Il est composé à moitié de recettes d’activité et à plus d’un tiers de subventions publiques, qui proviennent aux trois quarts des collectivités territoriales, notamment des communes. Le modèle économique des associations est cependant loin d’être homogène et présente de nettes spécificités selon les domaines culturels et les fonctions. Par exemple, il n’est pas rare d’observer des recettes en dents de scies pour une compagnie, cela correspond au cycle de vie de ses spectacles, entre les moments de création et ceux de diffusion.

L’évolution des modèles économiques

D’après l’enquête menée par Opale en 2020 sur les données de 2018 (lire les chiffres clés), le budget des associations culturelles employeuses dans leur ensemble se compose à 50 % de recettes d’activité (vente de spectacles, billetterie, cours, visites guidées, etc.), à 36 % de subventions publiques et à 15 % d’autres ressources (cotisations, dons, mécénat, etc.).

Dans un contexte de restriction des subventions publiques, les associations sont incitées à diversifier leurs financements, à se tourner vers le mécénat ou le financement participatif. Si ces modes de financement peuvent représenter un appui pour le montage de certains projets, ils n’apportent à l’heure actuelle pas de réponses structurelles.

En 2016, les CRDLA Culture et Financement ont réalisé un document de référence sur le secteur culturel, présentant les principaux points de vigilance et caractéristiques selon le type d’association culturelle (compagnie, lieu de diffusion, festival, école…) : Enjeux et clés d’analyse des structures culturelles.

Que proposer à la structure ?

En fonction de la situation, vous trouverez ci-dessous des pistes de ressources à proposer à la structure ou à utiliser dans votre diagnostic. La liste étant loin d’être exhaustive, n’hésitez pas à nous proposer de nouvelles thématiques et ressources, afin que nous puissions la compléter.

Le “Guide des relations entre associations et financeurs publics – une illustration par la culture” est un guide juridique qui recense et clarifie les nouvelles relations et modes de coopération entre les pouvoirs publics et les associations. Prenant appui sur des exemples dans le secteur culturel, il s’adresse néanmoins à toutes les associations.